Un laboratoire urbain dans une rue Clemenceau rendue aux piétons
Figurant parmi les points forts ayant permis à La Roche-sur-Yon l’obtention du titre de Capitale française de la Biodiversité, les aménagements mobiliers installés l’été dernier visent à redynamiser la principale rue commerçante du centre-ville. Une véritable expérimentation conduite sur trois ans, née d’une concertation entre la Ville, les habitants et les commerçants. L’idée est de booster ce secteur stratégique yonnais, afin d’y créer un nouveau lieu de vie et de récréation, tout en redynamisant la centaine de commerces installés dans le périmètre.
Inédit !
Chiffres-clés : 10 MODULES EN BOIS, 60 M3 de bois français (pin Douglas labellisé PEFC), 73 M3 de terre végétale
Les anciens qui se souviennent de l’intense trafic automobile encombrant la rue Clemenceau, ne reconnaîtraient assurément pas cette artère majeure de la ville, devenue depuis l’été un véritable hâvre de paix.
Le calme, le silence y règnent, depuis que la rue fait l’objet d’un projet expérimental, s’inscrivant dans le programme national « Cœur de Ville ». Allégée de ses voitures depuis déjà des années, la rue n’était plus qu’empruntée par les bus assurant les transports publics urbains.
Désormais, grâce aux modules en bois et à la végétation installés de part et d’autre de la rue Clem’, c’est un peu comme si la nature avait repris quelques droits, à tel point qu’on se croirait à la campagne. L’effet est aussi impressionnant qu’apaisant. « Ce projet répond à notre volonté de renforcer le parcours piéton en centre-ville, et de créer une nouvelle attractivité pour la rue Clemenceau, secteur structurant pour le cœur de ville », expose Malik Abdallah, adjoint au maire à l’urbanisme. Sa collègue en charge du commerce, Frédérique Pépin, ajoute quant à elle : « Plus que jamais les commerçants ont besoin d’un coup de pouce pour animer le cœur de ville. Notre idée est simplement de rendre la rue plus vivante, animée, colorée… agréable pour tous les Yonnais et visiteurs ».
Concrètement, et en cela réside l’originalité de l’opération, des modules amovibles en bois ont été installés. Comme un jeu de puzzle, ces modules simplement posés sur le sol peuvent être facilement transformés et déplacés. Il s’agit d’une méthode agile et innovante : l’urbanisme tactique. Comme commerçants et habitants, voire passants, sont régulièrement questionnés sur leurs impressions et suggestions, l’idée est ensuite d’utiliser ces réactions pour analyser, faire, défaire, refaire, adapter. Une méthode non intrusive et non impactante qui permet de tester et évaluer, puis d’éventuellement corriger pour s’adapter aux besoins réels du terrain. De la souplesse avant tout !
Les usagers se sont très rapidement emparés du site, qui, bien végétalisé, permet à tout un chacun de s’installer sur les modules en bois pour papoter, écouter de la musique, pique-niquer, voire s’adonner au jeu d’échecs, puisque quelques tables ont été équipées d’échiquiers, il suffit d’apporter ses pièces.
650 plantes vivaces et arbustes persistants et feuillus (Hibiscus, sauge de Graham, heuchère, phornium, thulbaghia, aspidistra, arbre aux anémones, bananier red tiger, nérine bowdenil, agapanthe…), 40 arbres(magnolia, érable palmé, acajou, amélanchier…), Près de 100 commerces sur le secteur, 918 réponses à l’enquête en ligne
Pensé en 2018, ce projet original n’a pas été freiné par la crise sanitaire et les contraintes inhérentes. La concertation s’est maintenue, via une enquête en ligne et une réunion publique ayant permis de constituer un groupe de travail composé d’une quarantaine d’habitants et commerçants. Une vraie démocratie participative qui a donc débouché sur une réalisation très concrète et concertée, d’autant que les envies et besoins des uns et des autres ne concordaient logiquement pas toujours. Notons que la fabrication sur-mesure des modules en bois a été assurée par la menuiserie vendéenne Charrier Bois, implantée aux Essarts.
Si les premiers résultats sont encourageants, l’espace étant très apprécié de tous, l’expérimentation se poursuivra encore sur deux années, avant de prendre, peut-être, un aspect plus définitif, en fonction des ressentis et retours d’expériences de toutes les parties concernées. Car même si le succès est déjà là, les porteurs du projet veulent expérimenter encore plus avant, pour par la suite proposer un aménagement optimal convenant à tous. Grâce à quoi le secteur des rues Clemenceau, Thiers et Chanzy devient un espace de bien-être, s’inscrivant dans
le projet plus global du réaménagement du cœur de ville.
3 années de laboratoire expérimental.