Adeline Gourdon-Porcher, pour la Yonnaise courir c’est vivre !

Rencontre avec une jeune Yonnaise exceptionnelle et très attachante. À 21 ans elle est déjà une coureuse à pied longue distance expérimentée. Elle vient de participer à la 35e édition du Marathon des Sables qui s’est déroulée dans des conditions dantesques. Une leçon de vie pour cette jeune fille à la volonté hors du commun.

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© Photo Thibault Perin – Münster Trail 2020

Adeline, découvre la course à pied au lycée et, avec elle, le plaisir de l’effort et du dépassement de soi. « Je me suis alors fixé comme objectif de disputer un semi-marathon, puis un marathon avant mes 25 ans » raconte la jeune Yonnaise à l’époque étudiante dans le Val-d’Oise. Finalement le semi-marathon est couru en mars 2019 à l’âge de 18 ans et la même année Adeline dispute « les 6 heures de Cergy » qui, comme son nom l’indique, réclame de parcourir la plus longue distance possible en 6 heures de course. 40 kilomètres sont ainsi avalés. Adeline découvre alors que ce sont les longues distances qui la passionnent le plus. Les sorties de 20 kilomètres deviennent une distance d’entrainement régulière.

À l’été 2020, elle relie Le Tablier à la plage du Marodeau à Jard-sur-Mer
en courant, 55 kilomètres en 7 heures de course avec des amis qui l’accompagnent à vélo. « Je deviens ultra marathonienne ce jour-là ! ». 

En octobre 2020, le Munster Trail est à son programme, 80 kilomètres et 4 000 mètres de dénivelé positif sous la pluie ininterrompue. La course sera finalement réduite à 72 kilomètres parcourus en 15 heures.
« Cela me confirme que j’adore vraiment les longues distances, pour le type d’effort que cela réclame, mais aussi les paysages que l’on traverse et les relations et les rencontres entre participants. »

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© Photo Adeline Gourdon-Porcher

« j’adore vraiment les longues distances, pour le type d’effort que cela réclame… »

cette course se dispute en complète autonomie alimentaire

En mars 2021, Adeline voit sur Instagram que débutent les inscriptions pour le Marathon des Sables qui, covid oblige, se courra cette fois-ci en octobre et non au printemps. Joli défi, mais aussi joli budget pour une étudiante de 20 ans. 3000 euros d’inscription et au moins le double pour acquérir le matériel et les équipements nécessaires, car cette course se dispute en complète autonomie alimentaire. « Impossible, fin du rêve ! Mais le samedi je fais une sortie d’entraînement de 50 kilomètres et le soir, je prends ma décision, j’y vais. Je verse l’acompte de 1000 euros et je prépare un dossier de recherche de parrainage et de financement. »

Adeline se révèle aussi déterminée dans la recherche de financement que lorsqu’elle court. Article dans le journal Le Parisien, aide matérielle de fournisseurs d’équipements, sponsors divers et variés, financement participatif, les efforts d’Adeline lui permettent de réunir budget et matériel nécessaire. En septembre 2021, Adeline débute à l’université de Chambéry un Diplôme Universitaire en optimisation de la performance de l’athlète de haut niveau. Un dernier entraînement entre Noirmoutier et Les Sables-d’Olonne par les plages puis direction le Sahara marocain pour 250 kilomètres à parcourir en 6 jours.

700 coureurs, provenant de 40 pays sont au départ de cette 35e édition qui, pour la première fois, se déroule en fin d’été et non en fin d’hiver comme habituellement. Cela va influer dramatiquement sur l’épreuve. Adeline est la benjamine des Françaises engagées. 

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© Photo Alessandro ioli

« La Légendaire » 250 km en 6 jours

Elle nous raconte son marathon, qui ne s’est pas du tout déroulé comme elle l’espérait :

« Dès le départ la chaleur est bien supérieure aux éditions précédentes. Nous démarrons la première étape à 9 heures du matin, il fait déjà 30°. J’alterne course, marche, et petit trot, ça démarre plutôt bien. Après le CP2 je repars en marchant
pour m’économiser, je ne me sens pas super bien. Je termine la première étape de 30 kilomètres en 7 heures. 

Au bivouac, je passe une très mauvaise nuit : mauvais sommeil, nausées, peu d’appétit, paradoxalement peu d’envie de boire. Nous apprenons que nous avons passé la journée sous 50° et 2% d’humidité. 

Au départ de la seconde étape à 9 heures du matin, chacun est déjà dans l’effort à fournir avec, en tout cas pour moi, l’impression d’aller au casse-pipe plutôt que de disputer une aventure. Au bout de seulement 200 mètres, ma motivation s’envole. Je n’éprouve pas de plaisir à être là. Mais la lucidité (Adeline, tu ne vas pas bien !) s’oppose à l’obstination (il faut rallier le CP1 !). Je parcours finalement 8 kilomètres sans manger ni boire. Il fait 55°. Je tombe plusieurs fois. Une voiture de médecin arrive à ma hauteur. La doc m’encourage, je repars, je m’arrête, je repars encore, je ne sais plus quoi faire, quelle décision prendre. C’est terrible. 

Finalement, avant de perdre toute lucidité, je dis stop et je monte dans la voiture. Au bivouac je serai perfusé, on constate que je suis en hyperthermie et déshydratée. Au soir de cette deuxième étape, 193 coureurs ont déjà abandonné. Moins de la moitié terminera l’épreuve. 

Nous avons surnommé cette édition La Légendaire. L’aventure sportive est ratée pour moi, mais c’est de loin l’expérience humaine la plus forte de ma courte vie. J’en sors grandie. » 

Adeline depuis son retour, retrouve le plaisir de courir et prépare ces prochains ultratrails et ses prochaines courses-aventure. « Je veux découvrir d’autres climats, d’autres efforts extrêmes, d’autres paysages et avant tout retrouver ce partage incroyable et ces rencontres humaines fortes que procure la participation à ce type d’aventure qui m’apprend l’abnégation, l’humilité et la résilience. »

Bonnes foulées, Adeline !

ABNÉGATION, HUMILITÉ, RÉSILIENCE

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