Petit voyage étymologique aux origines Celtes du nom Olonne.
Nous savons grâce à Albert Uderzo qu’Obélix ne fut pas Vendéen. Le dessinateur lui donne naissance dans la baie d’Erquy en Bretagne. Pourtant, certains cousins du célèbre « tailleur de menhirs »* s’établirent également sur nos côtes. Olonne en garde le témoignage jusque dans son propre nom. Mais avant d’indiquer la ou les possibles significations de ce nom, commençons par effectuer un voyage de quelques années : au cinquième siècle avant notre ère. Date déterminante de l’épopée européenne (toujours en cours) puisqu’elle vit naître dans sa partie la plus méridionale, le prototype d’une démocratie et d’une réflexion philosophique qui reste fondateur.
À cette époque décisive, un peu plus au nord, dans l’actuelle Bohème, les multiples tribus du peuple Celte choisissent de migrer plein ouest. Certains historiens pensent que cette migration eut une origine économique et agricole. De fait, les terres occidentales étaient plus fertiles que celles d’Europe Centrale. Mais pourquoi ces Celtes ont-ils poussé leur migration jusqu’au bord de l’océan, comme y « butant » malgré eux ? Pour répondre à cette question, d’autres historiens soulignent la dimension spirituelle de cette migration vers l’ouest. Celle-ci suit en effet le soleil. Et pour des êtres humains qui se demandent alors : « où allons-nous ? », marcher en suivant la course du soleil, espérant ainsi atteindre « l’au-delà de l’horizon », est une manière d’obtenir de possibles éléments de réponse. Malheureusement l’océan stoppe cette exploration et les Celtes, condamnés à la sédentarité, s’établissent sur toute la façade ouest de l’Europe. Depuis les côtes de la Manche jusqu’à celles de l’Atlantique-sud au niveau de l’actuel Portugal en passant par l’Aquitaine.
Le long de ce vaste périmètre géographique, chacune des tribus Celtes cultive sa propre identité. Bretons en Armorique ou Galiciens au nord de l’Espagne par exemple, ils portent chez nous – des côtes vendéennes jusqu’à Poitiers – le nom de « Pictes ». Ces diverses identités sont source de divisions.
Situations conflictuelles dont un autre peuple migrateur et surtout conquérant, saura profiter quelques centaines d’années plus tard : les Romains de Jules César. Fort de techniques et d’une civilisation propre à séduire, ils parviennent à convaincre une majorité de Pictes à les aider dans leur lutte contre les « Vénètes » (autres Celtes établis dans la région de Vannes).
Entretenant ces bonnes relations, Pictes de Vendée et colons romains cherchent à « optimiser » ce que la nature propose ou plutôt impose.
À Olonne, cette optimisation est encore aujourd’hui particulièrement visible et remarquable. Dans ce territoire de marais où les moustiques propageaient des fièvres et où les eaux de l’océan rendaient les cultures impossibles, les habitants comprirent que ces handicaps pouvaient devenir des atouts. À condition d’assainir les marais et d’en exploiter le sel, denrée essentielle pour la conservation des aliments et la préparation du « garum* ». Dès lors, on creuse des canaux dans les marais, séparant ainsi l’eau de la terre. Puis on aménage des bassins… les mêmes qu’aujourd’hui encore nous retrouvons à l’Île-d’Olonne et que les sauniers entretiennent tout au long de l’année. Regardé depuis leurs petites cabanes de bois où ils continuent à stocker leur précieux sel, le bourg actuel d’Olonne s’élève comme une petite colline
« au dessus de l’eau ».
Et comment di-t-on « au dessus de l’eau » en Celte ? La réponse est presqu’inscrite dans la question : « Ol’onne ». C’est du moins l’étymologie la plus retenue par les historiens même si certains lui préfèrent « coude de rivière » en référence à un petit cours d’eau anciennement cartographié dans ce territoire.
Mais quelque soit le choix étymologique des uns et des autres, retenons qu’aujourd’hui encore cette situation surélevée par rapport aux marais, à l’océan et aux « Sables », caractérise Olonne et lui assure en son sommet une qualité d’air qui dissuade les moustiques (ce qui est moins vrai au « niveau de l’eau »). Par ailleurs, visible depuis la mer, l’église d’Olonne en haut de la colline, reste un « amer » (autre terme celte signifiant « repère ») de choix pour les marins. Le grand large n’y est plus une frontière infranchissable et les arrières-arrières petits-enfants des Pictes, des Romains et autres amateurs de vagues n’hésitent plus à s’y aventurer… tout en sachant que « l’au delà de l’horizon » recherché par leurs ancêtres restera à jamais un au-delà.
• Pour les amateurs d’histoire et non pas uniquement de bandes dessinées, il est important de rappeler que les Menhirs ne sont pas d’origine celtes (même si certaines tribus celtes les adoptèrent pour leurs rituels religieux) et qu’ils existent partout en Europe et même hors d’Europe. En France le département qui en compte le plus est l’Aveyron.
• Garum : sauce obtenue après macération des abats de poisson dans une saumure. Très prisée par les romains, on la compare au Nuoc-mâm.